Ça va être sans aucune commune mesure la plus grande manifestation organisée par la Tunisie, depuis l’indépendance. Encore plus que le SMSI de 2005 ou du Sommet de la Francophonie de cette année. Il s’agit de la Ticad, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Tokyo International Conference on African Development) qui a choisi la Tunisie pour abriter sa prochaine conférence qui sera co-présidée avec le Premier ministre du Japon.
C’est la deuxième fois que cet événement majeur de la coopération japonaise en Afrique n’est pas organisé au Japon. Il y a eu une première en 2016 à Naïrobi et maintenant en 2022 en Tunisie.
La dernière conférence, la Ticad 7, qui a eu lieu à Yokoma au Japon, a vu la présence d’une cinquantaine de chefs d’Etat et plus de 15 mille participants. A l’issue de cette 7ème Ticad, plus de 80 milliards de dollars ont été investis en Afrique.
On peut dès lors imaginer ce qu’il en sera en Tunisie choisie comme plateforme et porte d’entrée pour l’Afrique.
Si la Tunisie a réussi à obtenir cette organisation (et cette distinction), c’est notamment grâce à un grand travail de lobbying (dans l’ombre) entrepris par Shinsuke Shimizu, ambassadeur du Japon en Tunisie et Hédi Ben Abbes, ancien secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et actuel président de la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-japonaise. En plus, naturellement, de la diplomatie tunisienne qui va, on espère, gagner de nouveau ses lettres de noblesse et revenir avec une meilleure image sur la scène internationale, après toutes les débâcles observées ces dernières semaines.
Dans une déclaration à Business News, M. Ben Abbes a indiqué que c’est un grand honneur et c’est un événement majeur pour la Tunisie que d’accueillir un tel événement continental. Les bénéfices en matière d’image et d’investissement se comptent en milliards de dollars en effet, et c’est ce qui donne toute l’importance à cette Ticad et la Tunisie devrait s’y préparer dès cette année pour être à l’abri de toute mauvaise surprise.
Outre cet événement majeur, un séminaire tuniso-japonais aura lieu à Tunis du 1er au 4 mars prochain, avec la coopération de la Fipa. Seront présents une vingtaine d’investisseurs japonais, tous venus de l’étranger pour explorer les opportunités d’investissement en Tunisie.
On rappelle que la coopération tuniso-japonaise ne date pas d’aujourd’hui et qu’il y a eu plusieurs projets de coopération, dont notamment le célèbre échangeur Tunis-Goulette-Radès.
Dans le secteur privé, la société tunisienne BSB (entre autres représentante de Sharp et Toyota) fondée par feu Béchir Salem Belkhiria a entretenu des relations privilégiées avec le monde de l’industrie japonaise. Des relations qui continuent à exister, et dans les meilleures conditions, grâce à Aref Belkhiria, actuel dirigeant du groupe.
On rappelle, par ailleurs, que la Ticad a été inaugurée en 1993 afin de promouvoir un dialogue politique de haut niveau entre les dirigeants africains et leurs partenaires dans le domaine du développement. Les réunions sont organisées sous la houlette du Japon et co-organisées par les Nations Unies, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Banque mondiale et la Commission de l’Union africaine (CUA).
Avec la TICAD, le Japon occupe une place centrale dans la promotion d’un dialogue international pour le développement de l’Afrique. Les approches innovantes de la TICAD incluent : les concepts d’appropriation africaine et de partenariat international, la promotion de la participation des organisations internationales, des pays donateurs, du secteur privé et des organisations de la société civile, et enfin la mise en place de mécanismes de suivi pour mesurer l’avancement des programmes et des projets.
Depuis 2013, elle a lieu tous les trois ans, une fois en Afrique et une fois au Japon.